lundi 4 mai 2015

NORDMANN - L'AVION DE GUERRE


Charles NORDMANN – L’AVION DE GUERRE
(Article paru dans la Revue des Deux Mondes – 1er août 1916)


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Pour l’historien et le tacticien de l’avenir ce qui caractérisera surtout la guerre actuelle, ce qui la distinguera des guerres du passé, c’est le combat aérien. Entre nos fantassins et ceux des guerres puniques, entre nos artilleurs et les guerriers qui bandaient autrefois les catapultes, il y a en somme beaucoup de ressemblances : et n’étaient les portées un peu plus grandes que les explosifs ont données au jet des projectiles et à leur efficacité, il n’y aurait ici rien qui pût véritablement stupéfier un César ou un Xénophon, s’ils revenaient parmi nous. Mais ce qu’on n’avait jamais vu ni soupçonné, c’est l’homme fait oiseau, enrichi de l’infinité des mouvements nouveaux et des incroyables visions qu’en conquérant la troisième dimension de l’espace il a conquises du même coup.

L’aviation militaire a pris, par la force des choses, une importance tellement prépondérante, que l’on peut affirmer que si l’un des deux camps en présence n’avait pas entre les mains cette arme, il serait irrémédiablement battu par cela même. Pourtant, comme engin même de combat, l’avion n’est pas d’une efficacité supérieure à celle d’un très petit détachement terrestre bien armé de mitrailleuses, de grenades ou de canons. Mais il a l’avantage inestimable de pouvoir transporter la mort latente qu’il inclut en ses projectiles, là où il lui plaît, et dans des zones vulnérables loin en arrière du front ennemi, là où le fantassin et l’artilleur, rivés au sol par l’inflexible esclavage de la gravité, ne peuvent aller. Mais ceci n’est rien. S’il n’était qu’un merveilleux transporteur de projectiles et d’explosifs à distance, s’il n’était qu’un combattant, qu’un semeur de mort, l’avion militaire ne serait rien ou peu de chose. Ce qui lui donne surtout une prodigieuse efficacité guerrière, c’est ce qu’il voit plutôt que ce qu’il fait, c’est qu’il est un œil plutôt qu’un poing.

AVRICOURT - LE CHEMIN DE FER AU PEROU


F.B. D’AVRICOURT – UN CHEMIN DE FER AU PEROU A TRAVERS LA CORDILLERE DES ANDES
(Article publié dans la Revue des Deux Monde – 1er Janvier 1874)


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En France, notre attention se porte trop rarement au-delà de l'Océan; la situation matérielle des républiques de l'Amérique latine est à peu près ignorée chez nous. Ainsi l'on a bien entendu parler des mines du Pérou, on sait vaguement qu'il nous fournit le guano que l'agriculture emploie depuis une vingtaine d'années; mais l'on s'est peu soucié de savoir s'il présente d'autres ressources et les moyens de les mettre en valeur. L'honneur d'avoir signalé ces ressources reviendra tout entier au gouvernement prévoyant et réparateur qui a récemment lancé un appel aux travailleurs de toutes les nations en leur offrant sur le sol péruvien des éléments de fortune comme peu de pays en pourraient fournir. Il ne suffisait pas pourtant d'appeler l'émigration en faisant luire à ses yeux le mirage de richesses devenues proverbiales, il fallait pouvoir la conduire aux lieux de production et assurer l'écoulement du travail par des voies de communication nouvelles. L’effort a été tenté avec une persévérance que n'ont point arrêtée des obstacles naturels qu'on pouvait croire insurmontables, un puissant élan a été donné à la construction des chemins de fer, et la chaîne des Andes est sur le point d'être franchie à 5 000 mètres d'élévation. Ce ne sont point là des travaux ordinaires, et nous avons pensé qu'il y avait intérêt à les faire connaître; toutefois un coup d'oeil rapide sur le territoire du Pérou, sur la nature de ses productions et sur l'état social du pays sera nécessaire pour faire apprécier l'importance de ces travaux, les difficultés vaincues, celles qui restent à vaincre, et qui retardent de quelque temps encore le commencement d'une ère nouvelle pour le pays.

samedi 2 mai 2015

NORDMANN - LE CANON QUI BOMBARDE PARIS


Charles NORDMANN – LE CANON QUI BOMBARDE PARIS
(Article publié dans la Revue des Deux Mondes – 15 avril 1918)


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Il faut remonter à l'époque du dernier passage de la comète de Halley, il y a huit ans... huit siècles, pour trouver un phénomène relevant de la science et comparable, par l'intérêt et les discussions qu'il a soulevés, au bombardement prodigieux de Paris par une pièce à longue portée. Encore dans ce temps-là, dont nous apprécions seulement aujourd'hui la douceur pacifique et un peu terne, la sensibilité publique était vierge des émotions fortement motivées qui l'ont peu à peu aguerrie et trempée.

Malgré cela, il est certain qu'une vaste stupéfaction, une curiosité qui ne laissait presque plus de place à aucun autre sentiment, s'emparèrent des Parisiens lorsque le communiqué officiel, — cette forme ultra-moderne de la vérité révélée, — annonça que c'était bien un canon allemand dont les projectiles, l'autre samedi, avaient éclaté sur la capitale. Cela parut à tout le monde « éno-orme, » comme eût dit Flaubert. L'étonnement fut général. Il le fut dans le public ; il le fut davantage peut-être parmi beaucoup de spécialistes de l'artillerie. Et la chose la plus étonnante, dans tout cela, fut peut- être précisément cet étonnement de beaucoup d'artilleurs. Nous allons montrer, en effet, qu'il n'y a rien là dedans de mystérieux, rien qui ne s'explique assez simplement sans avoir recours à aucune hypothèse absurde, à l'aide seulement de données non seulement réelles, mais véritablement fort anciennes.

BEDIER - NOTRE ARTILLERIE Octobre 1918


Joseph BEDIER – NOTRE ARTILLERIE.
(Article publié dans la Revue des Deux Mondes – 1er octobre 1918)



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 A la veille de la guerre, le Décret du 3 décembre 191S, portant règlement sur le service en campagne, disait : « L'infanterie conquiert et conserve le terrain... Le feu de l'artillerie n'a qu'une efficacité minime contre un adversaire abrité. Pour amener cet adversaire à se découvrir, il faut l'attaquer avec l'infanterie. » Ces formules représentaient alors, non pas une doctrine particulière à l'armée française, mais la doctrine universelle, unique, réputée intangible, la seule que les guerres du passé eussent enseignée aux Allemands comme à nous, et ce fut, chez les Allemands et chez nous, la même surprise et le même désarroi, quand, aux premiers mois de la lutte, l'expérience révéla une vérité autre, provisoire elle aussi, mais qui, durant trois ans et plus, devait régir impérieusement la guerre, celle que le général Pétain, en 1916, exprima ainsi : « Dans la guerre, actuellement, l'artillerie conquiert le terrain, l'infanterie l'occupe. »

Pour passer de l'un à l'autre système, pour se ployer aux conditions d'une immense guerre de siège, les deux adversaires durent réviser en plein combat, bouleverser de fond en comble leurs idées, leurs méthodes, leurs règlements, leur outillage métallurgique, leurs matériels d'artillerie,, tout refondre, tout recréer. Ce fut, de part et d'autre, un travail prodigieux, mais qu'il semblait impossible que la France envahie, réduite à des moyens industriels et métallurgiques dérisoirement inférieurs, pût accomplir. Pourtant elle y a réussi, tout en versant chaque jour, sans fin, son sang sacré. Regarder sa détresse initiale, les obstacles accumulés contre elle, quels ressorts d'intelligence et d'énergie elle tendit pour les réduire, c'est une façon très sûre de se confirmer dans sa foi en elle, et d'apprendre à la chérir d'un amour, non pas plus tendre, mais plus fier.

vendredi 1 mai 2015

RUDYARD KIPLING. LA GUERRE EN MONTAGNE 3


RUDYARD KIPLING. LA GUERRE EN MONTAGNE
(Reportage publié dans la Revue des Deux Mondes – 1er Août 1917)
(suite et fin)


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IX. — LE FRONT DU TRENTIN


Point n'est besoin d'un expert pour distinguer les caractères des différents fronts italiens. Ils se dégagent, quand on est encore loin derrière les lignes, des troupes au repos ou de la circulation sur la route. Même derrière le charmant Asolo de Browning où, vous vous le rappelez, Pippa passait, il y a soixante-seize ans, annonçant que, « tout allait bien dans le
monde, » on avait une sensation d'étouffement. L'officier nous invite à suivre ses explications sur la carte.

— Voyez : où notre frontière à l'Ouest des Dolomites plonge au Sud dans cette tête de lance en forme de V, c'est le Trentin. Les volontaires de Garibaldi l'avaient conquis en entier dans notre guerre d'indépendance. La Prusse était notre alliée alors contre l'Autriche; mais la Prusse fit la paix dès qu'elle y trouva son compte, — je parle de 1864, — et nous dûmes accepter la frontière qu'elle et l'Autriche avaient tracée. La frontière italienne est mauvaise partout, — la Prusse et l'Autriche ont pris soin qu'il en fût ainsi, — mais la section du Trentin est particulièrement mauvaise.

KIPLING - LA GUERRE EN MONTAGNE 2


RUDYARD KIPLING. LA GUERRE EN MONTAGNE
(Reportage publié dans la Revue des Deux Mondes – 1er Août 1917)
(suite)


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VI. — UNE PASSE, UN ROI ET UNE MONTAGNE

Un faucon s’envola du sommet de la colline et plana au-dessous de nous cherchant la vallée au bout de la passe. L’ordinaire sentier de caravanes grossièrement pavé conduisait au-dessus d’elle entre des baraquements de planches, de roc et de terre. Un artilleur sort et nous offre aimablement du café : c’est un commandant basané dont les yeux sont habitués à regarder de très lointains horizons. Il vit là-haut avec ses canons toute l’année, et sur les pâturages qui s’étendent des deux côtés de son repaire, de sombres trous d’obus à la douzaine marquent les points où l’ennemi lui a donné la chasse. La neige, qui vient de disparaître, n’a laissé en fondant qu’une herbe morte sur les bords des plus anciens cratères. Ce commandant dirige un poste d’observation. Quand il fait claquer son volet, nos regards plongent comme ceux des faucons sur une ville autrichienne avec un pont démoli au-dessus d’une rivière, et sur les lignes de tranchées italiennes qui s’y acheminent en rampant à travers des terrains d’alluvion, toutes dessinées comme sur une carte, à trois mille pieds au-dessous de nous. La ville attend, — comme Goritz attend, — cependant que là haut, au-dessus d’elle, on décide, sans qu’elle en sache rien, si elle doit vivre ou mourir. Le commandant nous en énumère les beautés, car elle est son domaine, voyez-vous, par droit d’expropriation pour utilité publique, et il y dispense la haute, la basse et la moyenne justice.

KIPLING - LA GUERRE EN MONTAGNE 1



RUDYARD KIPLING. LA GUERRE EN MONTAGNE
(Reportage publié dans la Revue des Deux Mondes – 1er Août 1917)

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I. — LES ROUTES D UNE ARMÉE

Dès que nous arrivons dans la grande plaine vénitienne près du quartier général de l’armée, on nous explique les fronts italiens avec une clarté parfaite et qui rend les cartes inutiles.

— Nous avons trois fronts, me dit l’officier qui va me servir de guide. Sur le premier, le front de l’Isonzo, qui est la route de Trieste, nos troupes peuvent marcher, quoique la marche ne soit pas facile; sur le second, le Trentin, vers le Nord, où l’ennemi approche le plus de nos plaines, il faut que nos troupes grimpent. Partout ailleurs, elles doivent grimper et faire de
l’alpinisme. Vous verrez. 

Il m’indique, au loin dans la direction du Sud-Est et de l’Est, à travers une brume de chaleur, des hauteurs d’aspect sinistre, où les canons se répondent comme dans une querelle grandiose.

jeudi 30 avril 2015

Abbé WETTERLE - UNE MANOEUVRE ALLEMANDE, L'AUTONOMIE DE L'ALSACE-LORRAINE


Abbé EMILE WETTERLE
UNE MANŒUVRE ALLEMANDE.
L’AUTONOMIE DE L’ALSACE-LORRAINE.

(Article publié dans la Revue des Deux Mondes – Septembre 1917)

La nouvelle manœuvre allemande à propos de l’Alsace-Lorraine se dessine nettement. Il n’est plus possible au gouvernement impérial d’étudier le problème, qui a été posé devant le monde entier. Quelle solution s’apprête-t-il à y donner ?

Depuis plusieurs semaines une polémique préparatoire est engagée entre germanophiles et Alsaciens-Lorrains dans les journaux de la Suisse allemande. Les seconds patronnent, cela va sans dire, le retour pur et simple de leurs provinces à la France. Les premiers proposent l’autonomie complète de l’Alsace-Lorraine dans le cadre de la Constitution de l’Empire.

Nous connaissons de vieille date cette proposition. Pendant toute la période intermédiaire, ce fut la nôtre. Ne pouvant, sans nous exposer à des poursuites en haute trahison, faire une politique franchement séparatiste, nous étions devenus, par opportunisme, des autonomistes militants. Dans toutes les questions qui se posent au cours de la vie publique, il y a la thèse et l’hypothèse, le but idéal qu’on se propose d’atteindre et les réalisations successives, qui, seules, demeurent dans le domaine du possible. Pour nous, la thèse était et restait la restauration du droit, indignement violé en 1871. Quant à l’hypothèse, c’était le fait accompli, auquel nous ne pouvions rien changer et dont nous devions tenir largement compte dans nos revendications immédiates.

FAVROT - MAHOMET. LES SCIENCES CHEZ LES ARABES


LE Docteur ALEXIS FAVROT

MAHOMET
LES SCIENCES CHEZ LES ARABES

PARIS, LIBRAIRIE INTERNATIONALE
A. LACROIX, VERBOECKHOVEN & Cie, ÉDITEURS

1866

On s'est beaucoup occupé dans ces derniers temps de Mahomet et de la religion qu'il a fondée. M. Barthélemy Saint-Hilaire dans le Journal des savants, M. Ch. de Rémusat dans la Revue des Deux Mondes (septembre 1865), ont publié une série d'articles fort remarquables, où pleine justice est rendue à ce législateur inspiré qui donnait à sa patrie une religion spirituelle, l'unité nationale, et un gouvernement, en n'invoquant jamais que la raison et en rejetant loin de lui cette série de miracles au milieu desquels les anciens cultes ont été imposés à l'humanité.

« Mahomet, dit M. de Rémusat, est un grand homme ; s'il y eut un temps où c'était hardiesse de le dire, le paradoxe serait aujourd'hui d'en douter ; M. Saint-Hilaire n'hésite pas à en faire un des plus grands, même un des meilleurs. Après les recherches auxquelles il s'est livré, après les autorités dont il s'est appuyé, on hésiterait à en appeler de son jugement. »