lundi 3 juin 2013

QUANGDZU - Le traité des influences errantes - 1896


L’ESPRIT DES RACES JAUNES.   LE TRAITE DES  INFLUENCES ERRANTES
 de QUANGDZU
TRADUIT DU CHINOIS PAR MATGIOI
(Georges-Albert Puyou de Pouvourville)
  


La traduction du traité qui suit n’a pas les allures ni la valeur d’une page de dogme ou de tradition, comme furent les traductions précédentes des livres de Laotseu. Le Traité des Influences Errantes ne relève d’aucune religion extrême orientale, et je serais fâché qu’on l’attribuât à l’esprit taoïste. Fidèle et respectueux transmetteur d’une doctrine qui n’avait jamais été traduite, mais seulement trahie, intéressé d’ailleurs à son intacticité, je ne voudrais voir rattacher au corps de cette doctrine aucun membre étranger, quelque avantage qu’en puisse retirer l’accueil fait à mon travail par des lettrés curieux. Le dogme et ses principes sont exposés ailleurs ; c’est ici la conséquence.
  Le dernier enseignement dogmatique du Tao est dans le Kan-ing, que M. Rémusat a traduit sous le nom de : Livre des Récompenses et des Peines.  J’ai l’espoir d’offrir un jour la traduction du Kan-ing, qui est, au sens exact des caractères et de la doctrine : le traité des mouvements (terrestres ou autres) déterminés par les actions des hommes, et des sanctions que ces mouvements provoquent.
  Non plus que la doctrine synthétique et mystique on ne retrouvera ici la phrase concise et cadencée du Maître. La nécessité de définir les formes analytiques d’une question spéciale, le désir d’être entendu de chacun, dans ce domaine pratique, revêtent l’enseignement des « Influences » d’une foule de symboles et de légendes propres à frapper la mémoire et l’imagination, et introduisent, parmi les propositions didactes, les périodes d’une littérature inférieure. Force nous est de les maintenir, pour conserver au traité la forme particulière sous laquelle il fut conçu, forme qui fut la plus adéquate aux projets de l’auteur. D’une composition récente, d’une inspiration moyenne, le traité des Influences est un exemple curieux de l’adaptation, à l’esprit chinois moderne, et au lettré ordinaire, de concepts antiques et, malgré tout, indéformables. C’est un exemple surtout de la spécialisation des principes de la Voie à l’hypothèse des influences errantes, dont les savants de certaines époques ont si longuement parlé, et dont l’importance semble aujourd’hui éclater à nouveau.
  Ce n’est plus un Livre Sacré, mais c’est encore un livre important, quoique populaire, et ses pareils se distinguent, parmi les livres de Dogme, par l’appellation générique de « Ngoclich » que l’on traduirait à peu près en français par le mot : « Manuel. »
  Le Traité des Influences n’a pas encore eu les honneurs de la traduction dans une langue européenne ; je n’ai donc nul prédécesseur à contrister par des notes philologiques. Celles que j’ai ajoutées au texte du livre ne renferment que des explications en langage vulgaire de certaines théories obscures ; c’est la mise au point d’un texte concis, dont l’auteur n’a point pris la peine de répéter les vérités que ses lecteurs chinois devaient connaître d’autre part.
  J’entends donc que l’on n’attribue à nulle religion, à nulle école philosophique, les préceptes ou les propositions dont on va lire l’étrange assemblage, assemblage dans lequel on pourra reconnaître, tantôt Dante, et tantôt Paracelse. En Chine même, devant les Ngoclich, bien que revêtus des sceaux impériaux, le sourire ne serait point puni, si d’aucuns s’avisaient de sourire. Mais un sourire vaut-il une réflexion ?
  L’attitude, durant et après la lecture, est une juste mesure de l’intelligence du lecteur. 

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