L’ESPRIT DES RACES JAUNES. LE TRAITE DES INFLUENCES ERRANTES
de QUANGDZU
TRADUIT DU CHINOIS PAR MATGIOI
(Georges-Albert Puyou de Pouvourville)
La traduction du traité qui suit n’a pas les
allures ni la valeur d’une page de dogme ou de tradition, comme furent les
traductions précédentes des livres de Laotseu. Le Traité des Influences
Errantes
ne relève d’aucune religion extrême orientale, et je serais fâché qu’on l’attribuât
à l’esprit taoïste. Fidèle et respectueux transmetteur d’une doctrine qui n’avait
jamais été traduite, mais seulement trahie, intéressé d’ailleurs à son
intacticité, je ne voudrais voir rattacher au corps de cette doctrine aucun
membre étranger, quelque avantage qu’en puisse retirer l’accueil fait à mon
travail par des lettrés curieux. Le dogme et ses principes sont exposés
ailleurs ; c’est ici la conséquence.
Le dernier enseignement dogmatique du Tao est
dans le Kan-ing, que M. Rémusat a traduit sous le nom de : Livre des Récompenses
et des Peines. J’ai l’espoir d’offrir un jour
la traduction du Kan-ing, qui est, au sens exact des caractères et de la
doctrine : le traité des mouvements (terrestres ou autres) déterminés par les
actions des hommes, et des sanctions que ces mouvements provoquent.
Non plus que la doctrine synthétique et
mystique on ne retrouvera ici la phrase concise et cadencée du Maître. La nécessité
de définir les formes analytiques d’une question spéciale, le désir d’être
entendu de chacun, dans ce domaine pratique, revêtent l’enseignement des « Influences » d’une foule de symboles
et de légendes propres à frapper la mémoire et l’imagination, et introduisent,
parmi les propositions didactes, les périodes d’une littérature inférieure.
Force nous est de les maintenir, pour conserver au traité la forme particulière
sous laquelle il fut conçu, forme qui fut la plus adéquate aux projets de l’auteur.
D’une composition récente, d’une inspiration moyenne, le traité des Influences
est un exemple curieux de l’adaptation, à l’esprit chinois moderne, et au lettré
ordinaire, de concepts antiques et, malgré tout, indéformables. C’est un
exemple surtout de la spécialisation des principes de la Voie à l’hypothèse des
influences errantes, dont les savants de certaines époques ont si longuement
parlé, et dont l’importance semble aujourd’hui éclater à nouveau.
Ce n’est plus un Livre Sacré, mais c’est encore
un livre important, quoique populaire, et ses pareils se distinguent, parmi les
livres de Dogme, par l’appellation générique de « Ngoclich » que l’on
traduirait à peu près en français par le mot : « Manuel. »
Le Traité des Influences n’a pas encore eu les
honneurs de la traduction dans une langue européenne ; je n’ai donc nul prédécesseur
à contrister par des notes philologiques. Celles que j’ai ajoutées au texte du
livre ne renferment que des explications en langage vulgaire de certaines théories
obscures ; c’est la mise au point d’un texte concis, dont l’auteur n’a point
pris la peine de répéter les vérités que ses lecteurs chinois devaient connaître
d’autre part.
J’entends donc que l’on n’attribue à nulle
religion, à nulle école philosophique, les préceptes ou les propositions dont
on va lire l’étrange assemblage, assemblage dans lequel on pourra reconnaître,
tantôt Dante, et tantôt Paracelse. En Chine même, devant les Ngoclich, bien que
revêtus des sceaux impériaux, le sourire ne serait point puni, si d’aucuns s’avisaient
de sourire. Mais un sourire vaut-il une réflexion ?
L’attitude, durant et après la lecture, est une
juste mesure de l’intelligence du lecteur.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire